Utilisez-vous la barre d'écoute ?

Immense barre d'écoute qui traverse tout le cockpit du Start 6....
Certains la trouvent encombrante et inutile, trop longue et mal placée....
Moi je la trouve parfaite. Ajuster l'assiette du bateau, essuyer une grosse risée sans ralentir et en gardant le cap.... Bref : efficacité et confort, même au rappel.
Peut être est-ce parce qu'il y a longtemps, je navigais en 470 et qu'à l'époque on s'en servait beaucoup.
Et vous, l'utilisez-vous et comment ?
Amicalement,
Michel

Bonjour, Michel, ta question donne à réfléchir...
Alors:
Je me souviens que sur mon premier bateau, un Midship doté d'un pataras comme le Bahia, et qui n'avait pas de barre d'écoute, j'en avais posé une, comme Eric l'a fait sur son Bahia, sur toute la largeur du cockpit, comme sur le start 6 ou mon 430.
Sur le Bahia 22, comme sur mes anciens Kelt 6.20 puis 7.60, qui ont tous un pataras, j'ai une barre d'écoute plus courte, posée sur le plancher du cockpit, dont je me sers au près assez souvent/pas assez, tu as raison, aussi bien pour aplatir (en débordant) que pour arrondir le creux(en la remontant au vent), donc soit dans la brise/ soit dans le petit temps. Sachant que le palan d'écoute de GV est frappé à mi-longueur de la bôme, la barre d'écoute en fond de cockpit offre malgré tout un débattement efficace pour ce réglage !

Alors y aurait-il une corrélation entre la présence ou non d'un pataras et l'importance ou non d'avoir une barre d'écoute longue:
-sachant la nécessité dans la brise d'avoir un étai raide tout en débordant la GV dans les risées, ce qui oblige à garder la GV bien bordée au taquet et à utiliser la barre d'écoute en l'absence de pataras (avoir de la quête du mât en arrière aide également).

-avec pataras son rôle serait simplement de régler le creux au près donc plage de réglage réduite suffisante ?

Mais cela ne me convainc pas car c'est au largue ou quand il faut choquer en grand quand le bateau gîte trop dans une survente, écoute au taquet, que la barre d'écoute longue est utile !!!

Alors compromis confort de l'équipage/marche du bateau/image commerciale ?

Bonjour aux membres permanents, toujours jeunes et passionnés :
Personnellement, j'utilise la barre d'écoute à chaque sortie et ce depuis plus de 40 ans que je navigue sur des voiliers qui en sont équipés.
Dans la documentation du kelt 620, Gilles Le Baud avait émis différentes recommandations dont celle afférente à la barre d'écoute : ci-joint la copie de ce document :



Bien évidemment, cette méthode s'applique au start 6, ainsi que j'ai pu personnellement m'en rendre compte, et au Bahia, avec la même efficacité.
Merci de nous faire part de vos impressions après essai.  
Bonne navigation.  
Yema.

Merci beaucoup,  Yema,  pour nous avoir envoyé ce résumé fort bien fait.
Oui, bien sûr, dans le petit temps et médium la barre d'écoute courte sert à régler le dévers de la GV en partie haute (et non le creux   ), avec le repère visuel du parallélisme des chutes, et c'est vrai aussi bien pour le Kelt 6.20 avec son foc en tête que le Bahia et le Start 6 avec leur génois 7/8.

Mais il ne traite pas de l'utilisation d'une barre longue dans la brise, quand on en dispose, n'est-ce pas ?

'oui, merci Yema, le résumé est excellent. Donc bien utile.
Pour ce qui est de la brise (20-25 nds) mon humble expérience perso, sans référence théorique précise autre que la vieille pratique du 470, donne ceci, au près :
- Foc ou même génois bordé à bloc, etarqué de même sur un etai bien raide,
- GV bordée fort avec le hale-bas souqué,
Lâcher de la barre d'écoute qui ouvre le plan de voilure.
Jusqu'à tenir le bateau PLAT le plus possible sans perdre ni cap ni vitesse.
Même manœuvre jusqu'au travers en choquant le foc.
Tout ça bien sûr avant de prendre un ris, (ou deux ?).
Dans ces cas-là j'ai la nette impression que le bateau est propulsé par le foc..
Très empirique mais ça me convient. La limite edt de ne pas laisser trop fasseyer le guindant de la GV sans réduire.
Plus au largue, barre d'écoute lâchée j'abats en grand dans les surventes pour éviter les départs au lof.
Si j'ai été assez clair, merci pour vos critiques, je suis preneur de tous les conseils...
Amicalement,
Michel

A priori, à partir de 18 nds, le start et même le Bahia sont surtoilés avec génois + grand-voile, surtout au près, ce qui se perçoit par de fréquents départs au lof.
A fortiori, à 25 nœuds.
Bien évidemment, la punition est identique pour le kelt 620.
Aucun de ces bateaux n'a été conçu pour naviguer en gitant fortement, étant observé que la gîte n'est pas synonyme de vitesse, bien au contraire.
Aux environs de 25 nœuds établis, l'utilisation d'un étai largable avec le foc numéro 1 ou ou même 2 selon la garde-robe du bord + un ris dans la grand-voile, permet de stabiliser et de soulager le bateau tout en conservant une vitesse identique.
Ci-après, à propos de l'utilisation des voiles, un document venant des recommandations du chantier kelt et un autre document plus généraliste que j'avais repêché, je ne sais où :





Avec une barre d'écoute longue, comme c'est le cas pour le start6, il est aisément possible de ramener la bôme dans l'axe du bateau.
En revanche, aux allures portantes ce sont les barres de flèches qui finissent par limiter l'intérêt de la barre d'écoute longue puisque la grand-voile porte très fortement sur l'embout de barre de flèche, s'agissant de barres de flèche poussantes, rappel étant fait que d'origine le start6 n'a pas de pataras, à la différence du bahia.
Encore une fois, en dépit du caractère parfois fastidieux des changements de voile ou de la prise de ris, il est toujours important et déterminant de porter la toile du vent pour être assuré de maîtriser le bateau.
A titre d'anecdote, mon beau-père naviguait sur un first class 7 que j'avais contribué à faire équiper avec une garde-robe permettant une utilisation pendant toute la saison d'été, en ce compris un tourmentin. Or, ce bateau n'est jamais allé aussi vite que le jour où nous avons été amenés à prendre 2 ris dans la grand-voile sous tourmentin : ses yeux brillaient de plaisir tant il ressentait à la barre la pleine puissance de son bateau, laquelle s'exprimait par des vibrations en atteignant et même dépassant la vitesse critique. Il faut dire que, jusqu'alors, il avait toujours été convaincu qu'il ne fallait pas réduire la toile.
En l'état, et même si je n'ai toujours pas effectué la mise à l'eau de mon Kelt pour 2022, même s'il est quasiment prêt, je sens que l'été promet d'être venteux et fréquemment chargé de coups de vent, contraignant ainsi le marin à la manœuvre : s'agissant du rôle du marin, ne gâchons donc pas notre plaisir.
Yema.

En complément, il me semble  bon de rappeler quelques éléments complémentaires de sécurité indispensables avant d’aller titiller Neptune avec nos canots par force 6 et plus

Les rafales de vent peuvent avoir une vitesse nettement plus importante  du vent normal
Avant toute sortie en mer, s’informer de la  météo prévue (sur un ou deux sites de météo marine)
Regarder la force et la direction prévue pour le vent ,y compris les rafales
Ex dim 19juin 14h baie de Quiberon  6bft , mais rafales à 8bft (Ventusky.com)
Il est encore plus important de regarder les prévisions sur l’état de la mer
A moins de naviguer sur lac intérieur, ou dans zone très protégée de la houle du large (ex Golfe du Morbihan) , l’état de la mer est encore plus  critique pour la sécurité que la force du vent,pour des petits bateaux
On peut avoir un vent 6bft , avec une mer peu formée. Là,  un équipage aguerri pourra sortir avec un 6m20.
Mais si l’état de la mer est mauvais (ex  houle de plus de 2m50) ,il devient inconscient de sortir avec nos petits canots., le risque de casse, blessure , empannage incontrôlé ou chavirage  est fort.
Avec une telle mer, gagner au vent sur du prés est illusoire, lorsqu'il ne reste plus que 2 ris dans la GV et que le foc a déjà été affalé
Si l’on est obligé de navigue par force 6 ou plus, on aura prévenu tout l’équipage des difficultés relatives, et l’organisation des rôles de chacun en cas de problème aura été établie
Surtout, on se sera assuré que le moteur est totalement  opérationnel et fiable
Nos petits moteurs hors-bord déjaugent très vite, surtout si un équipier doit aller à l’avant du bateau pour un problème technique
Le matériel et procédures de sécurité  (ex homme à la mer, utilisation de la VHF auront été revus)

Aussi la réduction de toile devra être faite des lors que que le vent commence à monter et avant que la situation de vent ne rende délicate la prise de ris ou l’affalage du génois
Si on a pris un ris et que le vent se remet à mollir, il sera toujours temps et plus facile d'enlever un ris , que d'en prendre un lorsqu'on est trop surtoilé et que le vent forcit encore,et que le bateau est devenu difficilement contrôlable.

On pourrait en dire des tonnes, mais il en existe déjà beaucoup de littérature sur le sujet

Personnellement, je regardes à deux fois avant d'aller naviguer à partir de force 5-6 sur mon Start 6 en baie de Quiberon

Absolument et entièrement d'accord avec Stéphauvent. Surtout en ce qui concerne les précautions élémentaires avant de décider de sortir.
Sur mon magnifique plan d'eau, .... Intérieur,.ni houle ni vague, sauf tempête du siècle. Tout au plus un fort clapot, même bien moutonneux.plus haut dans les grands axes où le fetch est plus important.
Tout ça pour dire que les sorties par vent fort sont possibles pour le équipages aguerris, hors des zones de turbulence (collines) qui génèrent des claques monumentales en force et avec des directions imprévisibles, bien entendu....
En l'absence de "mer" , pas de surf, mais de belles pointes de vitesse.... sur les grands axes, Nord-Sud le plus souvent. Quelques pièges aussi dans les espaces réduits entre des collines plus resserrées où Venturi fait de l'effet...
Donc un seul paramètre : le vent, et quand il est fort c'est bien suffisant pour moi

A ce sujet on peut rappeler que, suivant l'ancienne règlementation, le Kelt 6.20 Q était homologué en 3ème catégorie, croiseur côtier, mais Start 6 et Bahia seulement en 4ème catégorie, cabotage.

J'ai choisi précisément le Bahia pour avoir cette homologation, je pense que les navires de 4ème catégorie sont déjà marins: auto-redressables, dans une rafale, ils vont se coucher, mais pas au delà. Mais attention quand/si on se fait surprendre par du mauvais temps, survente ou de la mer formée, à bien fermer le capot de descente !

Le tableau de Yema pour le vaillant petit Kelt 6.20 est éloquent, force 6 c'est plus que du mauvais temps puisque la voilure est déjà réduite au maxi, sur Start 6 et Bahia, avec la même réduction de voilure, on devrait déjà être en route vers un abri. Mais le premier doit pouvoir tenir au delà, car en 3ème cat. il est est censé pouvoir s'éloigner davantage d'un abri que nos deux cousins de 4ème catégorie.

Les nouvelles catégories de conception reprennent globalement ces limites de distance, mais ajoutent des limites pour la force de vent et la hauteur des vagues qui sont de bon sens et rejoignent les fort justes mises en garde de Michel.

Je ne sais pas si les séries anciennes ont été réévaluées en fonction du nouveau classement ?

Ce qui nous incite à redoubler de prudence, c'est que le changement climatique fait que les prévisions météo sont devenues moins fiables, paraît-il !